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Macron pourrait retarder la reconnaissance de la Palestine

La reconnaissance d’un État palestinien par la France, annoncée par Emmanuel Macron pour les mois à venir, suscite désormais des doutes au Royaume-Uni. Alors que Paris et Riyad préparent une conférence onusienne en juin 2025 pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, les responsables britanniques craignent un report de cette reconnaissance symbolique, qui pourrait fragiliser l’élan diplomatique. Cette incertitude intervient dans un contexte de tensions régionales exacerbées et de pressions internationales croissantes autour de la question palestinienne.

Macron et la reconnaissance de la Palestine : une promesse en suspens

En avril 2025, Emmanuel Macron avait déclaré que la France pourrait reconnaître la Palestine « dans les prochains mois », un geste attendu lors d’une conférence organisée conjointement avec l’Arabie saoudite à New York en juin. Cette initiative vise à relancer une solution à deux États, alors que la situation sur le terrain se dégrade avec une intensification des violences israéliennes à Gaza et en Cisjordanie.

Cependant, malgré cette annonce, les autorités britanniques émettent des réserves quant à la concrétisation rapide de cette reconnaissance. Selon des sources diplomatiques à Londres, Macron pourrait retarder sa décision pour éviter un geste unilatéral qui risquerait de compliquer les relations internationales, notamment avec le Royaume-Uni et les États-Unis.

Les raisons du scepticisme britannique

Une approche prudente du Royaume-Uni

Le gouvernement britannique adopte une posture prudente, préférant un moment « de maximum impact » pour reconnaître officiellement la Palestine. Londres craint que cette reconnaissance, si elle est prématurée ou isolée, ne soit qu’un symbole sans effet concret sur le processus de paix.

David Lammy, secrétaire britannique aux Affaires étrangères, a confirmé des échanges avec ses homologues français et saoudiens en amont de la conférence de juin, soulignant l’importance d’une coordination internationale. Par ailleurs, certains députés britanniques, comme Emily Thornberry, présidente de la commission des affaires étrangères, pressent le Royaume-Uni de suivre la France, estimant qu’un retard pourrait « faire perdre la Palestine ».

Pressions internes et diplomatiques

Le Royaume-Uni doit également composer avec ses propres divisions politiques, notamment au sein du Parti travailliste, où la question palestinienne est sensible. En outre, Londres ne souhaite pas froisser Washington, qui reste un allié clé dans la région et qui privilégie une approche plus mesurée.

Chris Doyle, directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique (CAABU), critique la lenteur britannique, rappelant que la reconnaissance par deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, comme la France et le Royaume-Uni, renforcerait considérablement la légitimité palestinienne.

La conférence onusienne de juin : un enjeu diplomatique majeur

Un sommet co-présidé par la France et l’Arabie saoudite

La conférence prévue à New York en juin 2025, co-organisée par Paris et Riyad, a pour objectif de relancer le dialogue israélo-palestinien et de promouvoir une solution à deux États. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a réaffirmé que Riyad ne reconnaîtrait Israël qu’à condition qu’un État palestinien soit établi, soulignant le lien indissociable entre paix régionale et justice pour les Palestiniens.

Les attentes et les conditions françaises

Macron a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu durable, de la libération des otages, et d’un accès humanitaire élargi avant toute avancée politique majeure. Il a également évoqué la reconnaissance mutuelle entre Israël et les États arabes comme une condition préalable à la reconnaissance française de la Palestine.

Cette approche vise à ménager les équilibres diplomatiques, mais elle alimente aussi les spéculations sur un éventuel report de la reconnaissance, afin de ne pas compromettre les négociations en cours.

Réactions israéliennes et régionales face à la reconnaissance

Israël dénonce une récompense au terrorisme

Le gouvernement israélien, par la voix du ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, a fermement condamné toute reconnaissance unilatérale de la Palestine, la qualifiant de « cadeau à Hamas » et un frein à la paix. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également dénoncé cette démarche, tandis que son fils a lancé des attaques virulentes contre Macron, allant jusqu’à des comparaisons historiques controversées.

Le poids des alliances régionales

L’Arabie saoudite, partenaire clé de la conférence, maintient une position ferme : la reconnaissance d’Israël ne sera possible que dans le cadre d’un accord garantissant un État palestinien viable. Ce positionnement renforce la pression sur la communauté internationale pour qu’elle agisse rapidement et de manière coordonnée.

Données clés sur le conflit et la reconnaissance

  • Plus de 61 700 Palestiniens ont été tués et 116 156 blessés dans les opérations militaires israéliennes à Gaza depuis octobre 2023.
  • Entre 147 et 148 États membres de l’ONU reconnaissent actuellement la Palestine, mais aucun pays occidental du G20 ne l’a encore fait officiellement.
  • La reconnaissance par la France et le Royaume-Uni, membres permanents du Conseil de sécurité, serait un signal fort pour la communauté internationale.

La reconnaissance française de la Palestine, promise par Emmanuel Macron, est aujourd’hui au cœur d’un jeu diplomatique complexe. Entre la volonté d’agir rapidement pour soutenir la cause palestinienne et la nécessité de préserver un consensus international, Paris semble hésiter, tandis que Londres observe avec prudence.

Le report éventuel de cette reconnaissance pourrait affaiblir l’élan pour une paix durable, mais une décision précipitée risquerait aussi de compromettre les négociations en cours. La conférence de juin 2025 à New York apparaîtra donc comme un moment clé, où la diplomatie internationale devra conjuguer réalisme et ambition pour avancer vers une solution juste et pérenne au conflit israélo-palestinien.

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