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La France met fin à sa présence militaire historique au Sénégal avec le retrait de sa dernière base

La France met fin à sa présence militaire historique au Sénégal avec le retrait de sa dernière base

Le 17 juillet 2025 marque un tournant majeur dans les relations militaires entre la France et le Sénégal. Après plus de six décennies de présence permanente, la France a officiellement retiré ses dernières troupes de sa base historique de Dakar, marquant la fin d’une ère. Environ 350 soldats français ont quitté le Sénégal, concrétisant ainsi la volonté sénégalaise d’affirmer pleinement sa souveraineté nationale. Ce départ s’inscrit également dans une stratégie globale de Paris visant à redéfinir ses engagements militaires en Afrique, en se recentrant sur des partenariats plus flexibles sans présence permanente. Cette décision entraîne une recomposition géopolitique significative dans la région ouest-africaine.

Un retrait symbolique après plus de 60 ans de présence

Fin d’une époque

La base militaire française de camp Geille à Dakar, présence permanente depuis 1960, a été officiellement remise aux autorités sénégalaises, clôturant ainsi 65 ans d’implantation militaire continue. Le départ progressif des 350 soldats, engagé depuis le printemps 2025, a suscité une large attention médiatique et politique tant en France qu’au Sénégal.

Cette démarche correspond à un mouvement global de la France, qui a déjà procédé au retrait de ses forces permanentes dans plusieurs pays africains comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger, poursuivant une politique visant à réduire son empreinte militaire directe en Afrique occidentale et centrale.

Un calendrier maîtrisé

Le retrait s’est opéré sur une période d’environ trois mois, débutant en mars 2025 et culminant avec la cérémonie officielle de transfert des installations à Dakar. Cette planification a permis une transition ordonnée, limitant les perturbations sécuritaires locales, tout en préparant les forces sénégalaises à prendre pleinement le relais.

Réactions officielles et visions divergentes

Le Sénégal affirme sa souveraineté

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, fer de lance de ce retrait, avait clairement affiché en 2024 sa volonté de voir disparaître la présence physique des troupes étrangères, jugeant qu’elle entachait la souveraineté nationale :

« Le Sénégal est un pays indépendant, la souveraineté ne peut être bafouée par la présence permanente de bases étrangères sur son sol ».

Le chef d’état-major sénégalais, le général Mbaye Cissé, a déclaré que ce départ représentait aussi une opportunité de redéfinir la coopération en matière de sécurité :

« Nous continuerons à collaborer avec la France, mais avec des relations basées sur le respect mutuel, une coopération renforcée autour de la formation et du renseignement, en phase avec notre autonomie stratégique ».

La position française : une évolution stratégique

Du côté français, le général Pascal Ianni, commandant des forces françaises en Afrique, a rappelé que cette décision s’inscrit dans une reconfiguration des engagements militaires sur le continent :

« Ce retrait correspond à une réorganisation nécessaire et souhaitée, qui privilégie une présence flexible et une coopération renforcée sans bases permanentes ».

Le gouvernement français entend maintenir une relation forte avec Dakar à travers des partenariats bilatéraux ciblés, notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste et le partage de renseignements.

Voix critiques et perspectives politiques

Certains représentants politiques sénégalais, comme le député Guy Marius Sagna du parti Pastef, ont salué ce départ comme une étape majeure :

« La fin de la présence militaire française constitue un acte de décolonisation essentiel, un premier pas vers la pleine souveraineté de notre nation ».

Néanmoins, sur le plan diplomatique, ce retrait a occasionné des tensions, notamment entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, qui divergèrent sur la communication et les modalités du départ, illustrant les défis persistants dans la relation bilatérale.

Conséquences géopolitiques et sécuritaires en Afrique de l’Ouest

Un contexte sécuritaire complexe

Le retrait intervient dans un contexte régional particulièrement sensible, au cœur des enjeux liés à la montée des violences djihadistes dans la zone sahélienne. Le Sénégal, voisin du Mali et avec des frontières poreuses, reste exposé à ces menaces croissantes.

Paris espère que le nouveau modèle de coopération, moins basé sur une présence physique, permettra d’assurer une efficacité opérationnelle tout en respectant les demandes politiques des États africains.

L’évolution des partenariats stratégiques africains

De nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont récemment remanié leur coopération militaire, certains s’orientant vers d’autres partenaires internationaux, notamment la Russie. Le Sénégal semble vouloir maintenir un lien stratégique avec la France mais sans concessions sur sa souveraineté territoriale.

La seule installation militaire française encore active sur le continent est désormais la base de Djibouti, institutionnelle et durable, soulignant l’importance géostratégique de la Corne de l’Afrique pour Paris.

Perspectives d’avenir pour la coopération franco-sénégalaise

Vers un partenariat renouvelé

Malgré la fin des bases permanentes, les deux pays entendent poursuivre une collaboration étroite dans les domaines de la défense, la formation militaire et le renseignement. Cette évolution marque le passage d’une relation de présence à une relation de partenariat fondée sur des échanges techniques et stratégiques.

Opportunités pour les forces sénégalaises

Ce retrait est vu par les autorités sénégalaises comme une incitation à renforcer leur autonomie stratégique et opérationnelle. Le transfert des équipements et infrastructures offre une base matérielle pour moderniser leurs capacités.

Par ailleurs, la dynamique de retrait français pourrait encourager d’autres pays africains à réévaluer les modalités de leur coopération militaire avec des puissances internationales, redéfinissant ainsi les équilibres de sécurité régionaux.

Le retrait de la dernière base militaire française au Sénégal constitue un événement historique, illustrant un tournant décisif dans les relations franco-africaines et dans l’affirmation de la souveraineté nationale en Afrique de l’Ouest. Si cet acte marque la fin d’une ère, il ouvre également la voie à un partenariat renouvelé, plus équilibré et adapté aux réalités géopolitiques actuelles. Tandis que Paris réoriente sa stratégie militaire sur le continent, Dakar s’engage sur la voie d’une plus grande autonomie sécuritaire dans un contexte régional toujours aussi complexe.

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